J'ai mal à ma citoyenneté
Dessin de Stéphanie Blake
J'ai pleuré et je pleure encore.
J'ai expliqué et j'expliquerai encore. L'indicible qu'il faut dire, transmettre.
Parce que pour une fois j'ai allumé la télé, trop abasourdie pour y croire. Il me fallait le voir.
Octave a vu, a refusé de ne pas regarder, imaginant sans doute uen mauvaise série.
Et j'ai pleuré. Il a donc fallu raconter.
Raconter quoi? La liberté. De dire, d'écrire. De dessiner. De se moquer. De rire de tout. Ou pas.
Ou pas donc. Il a fallu expliquer la folie. Le fanatisme. L'excès. La violence.
Mais aussi le journalisme, le pouvoir des mots, des images, des dessins. La nécessité de parler de tout. La démocratie. La révolution. Le Siècle des Lumières. La religion.
Mon fils, je ne sais pas si j'ai trouvé les mots, je n'ose pas te dire que c'est dans ce monde que tu vas vivre et grandir.
Aime ton prochain, sois tolérant. La différence t'enrichira.
Et à vous, mes jeunes citoyens à qui je transmets ma passion de l'actualité au quotidien, que vous soyez musulmans, catholiques, évangélistes, peu importe. Parlons de nos différences, de nos conceptions. Ne laissons pas l'obscurantisme guider notre pensée.
Espérons ensemble. Construisons un monde meilleur. Agissons. S'il vous plait.
Merci à tous ceux qui m'accompagnaient depuis toujours, Cabu, Wolinski, Charb, Monsieur Maris (qui accompagnait mes fins de semaine dans ma salle de bains, sur Inter) qui ont fait naître et évoluer ma conscience citoyenne, qui ont éveillé mon envie de comprendre comment et dans quel sens tourne la planète.
Il existe des hommes de foi, des hommes qui, à leur manière, combattent aussi pour nous, et portent comme uniforme une plume et un papier. Merci à eux. Infiniment.