Un été plus légère
Cette année j'ai porté des tee-shirts aux manches courtes et aussi des jupes plus courtes.
J'avais perdu 13 kilos et pouvais me regarder dans la glace sans être gênée. J'ai marché dans la rue à côté de mon Epoux, grand et mince, sans me demander ce que les gens pouvaient penser de cette petite boule moche qui l'accompagnait. Je me suis sentie légitime d'habiter ce corps, ces vêtements.
Manger dans un restaurant n'a pas été compliqué, je n'ai pas eu ce sentiment que tous les clients regardaient mon assiette en se disant "C'est normal qu'elle soit grosse, avec ce qu'elle mange".
Cet été, je n'ai pas eu peur de monter des étages, de marcher, de me bouger. Je savais que je devais le faire, mais aussi que je pouvais le faire sans risquer le malaise en haut du troisième. J'ai marché, me suis montrée assidue aux séances d'aquagym, pédalé comme jamais.
Perdre du poids m'a fait abandonner en même temps une espèce d'inertie. J'ai vidé toute ma maison, non seulement les tailles 46 mais aussi tout ce qui m'encombrait : jouets, bijoux, petits , gros meubles et objets. J'ai un bel étage, notre second avec chambre et bureau.
Comme si en ayant vu plus clair sur ma silhouette et j'avais voulu voir plus clair dans ma maison. Je me suis réappropriée les espaces comme j'ai repris possession de mon corps. J'ai conscience de frôler l’obsession du "moi" ; je me redécouvre. Des années à m'éviter dans me miroir, à en perdre la conscience de mes contours.
Je pourrais penser que j'ai gagné en confiance en moi, plus sûre de ce que je montre aux autres, de cette normalité (enfin de ce surpoids) que je (re)présente. J'ai longtemps pensé (pour me donner des excuses, pour me rassurer) que perdre du poids me fragiliserait, enlèverait cette "carapace" que je me suis forgée depuis toujours, pour me cacher. C'est l'inverse qui se produit et me surprend. Je me sens plus forte : de renvoyer une image de moi dont j'ai moins honte. D'être capable de.